27 mars 2015
A l'occasion du centenaire de la mort de Charles Péguy, La compagnie théâtrale Michel Béatrix vous présente "Récits de la Passion" : opéra parlé. Duo de cris, de murmures, de douces-amères imprécations : le fracassement de Charles Péguy alterne avec le lyrisme de Michel Béatrix dans une succession haletante de récitatifs et d'arie.
Récits de la Passion, au pluriel, car la compagnie a choisi de faire s'alterner Le Récit de la Passion de Charles Péguy (extrait du Mystère de la charité de Jeanne d'Arc) et les Avant-dernières Paroles de l’Homme de Michel Béatrix. Ces récits sont ceux des calvaires parallèles et simultanés de Jésus et de Marie, ceux de ces quelques heures surhumaines d'un jeudi à un vendredi que le christianisme né dira Saints, non plus donnés et assénés comme un enseignement religieux mais livrées en confidences.
La mise en Cène est à l’amplitude autant qu’à l’intimité de la trajectoire acérée qui part du repas fondateur au centre crucifiant du tourbillon final : circulaire, tabulaire. Contraignante : le sens est lourd d’une table dressée à laquelle l'Hôte et ses commensaux se sont assis sans pouvoir autrement qu’avec douleur et violence la quitter ou en être exclu avant la fin du repas. Le noeud mystique est, à tripes nouées, affaire de ventre et de nourriture temporelle pour pouvoir l’être au spirituel. Nous sommes bien ici en l’homme, entre hommes – hommes et femmes confondus dans une égale humanité avec l’Homme majuscule et singulier.
Avec Michel Béatrix - Hervé Tharel
Tour de Termes - Salle des Mousquetaires à 21h00. Entrée 10 €
CHARLES PÉGUY est un écrivain, poète et essayiste français. Il est également connu sous les noms de plume de Pierre Deloire et Pierre Baudouin.
Charles Péguy naît dans une famille modeste : sa mère, Cécile Quéré, est rempailleuse de chaises, et son père, Désiré Péguy, est menuisier. En 1885, il est remarqué par le directeur de l'École normale d'instituteurs d'Orléans, Théodore Naudy, qui le fait entrer au lycée d'Orléans, et lui obtient une bourse qui lui permet de continuer ses études.
Au lycée Pothier, quoique bon élève, il se fait remarquer par son caractère : Il obtient finalement son baccalauréat le 21 juillet 1891.
Entre temps, de septembre 1892 à septembre 1893, il fait son service militaire.
Il intègre l'École normale supérieure de Paris le 31 juillet 1894, sixième sur vingt-quatre admis. À Normale sup', il est l'élève de Romain Rolland et de Bergson, qui ont une influence considérable sur lui. Il y affine également ses convictions socialistes, qu'il affirme dès sa première année à l'École. Lorsque éclate l'affaire Dreyfus, il se range auprès des dreyfusards. En février 1897, il écrit son premier article dans la Revue socialiste, et en juin 1897, achève d'écrire Jeanne d'Arc.
Militant socialiste et dreyfusard, il fait paraître les Cahiers de la Quinzaine de 1900 à sa mort. Son œuvre comprend des recueils poétiques en prose (Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, 1912) et en vers (La Tapisserie de Notre-Dame, 1913) d'inspiration mystique, des essais où il exprime ses préoccupations sociales et son rejet de la modernité (L'Argent, 1913), mais aussi des pièces de théâtre, notamment sur Jeanne d'Arc, un personnage historique auquel il reste toute sa vie profondément attaché.
Sur le plan politique, Péguy soutient longtemps Jean Jaurès, avant qu'il n'en vienne à considérer ce dernier comme un traître à la nation et au socialisme. Pour Péguy, la République est monarchique, le nationalisme est philo-judaïque. Il est un farouche opposant de l' universalisme facile.
Sa conversion au catholicisme a probablement eu lieu entre 1907 et 1908 ; il confie en septembre 1908 à son ami Joseph Lotte : « Je ne t'ai pas tout dit... J'ai retrouvé la foi... Je suis catholique... ». Cependant, son entourage remarquait depuis quelques années déjà ses inclinations mystiques.
Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation. Il meurt au combat au début de la bataille de la Marne, tué d'une balle au front, le 5 septembre 1914 à Villeroy, près de Neufmontiers-lès-Meaux, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi.
L'œuvre de Péguy a toujours célébré les valeurs traditionnelles de l'homme: son humble travail, sa terre, sa famille.
De son propre aveu, MICHEL BEATRIX est entré "en théâtre comme d'autres entrent en religion. Sans avoir jamais vraiment su à quoi, il s'est toujours senti "appelé": C'est le propre des vocations...
La solide formation littéraire et théâtrale qu'il a reçue de ses maîtres et amis lui a très patiemment appris à reconnaître, à suivre et à exprimer ses choix artistiques, moins dans l'esprit d'un plan de carrière que dans celui d'un véritable apprentissage d'artisan.
Les auteurs classiques ( Goldoni, Hugo, Molière, racine, Musset, Shakespeare) et contemporains (Ionesco, Mishima, Obaldia, Xenakis) qu'il a joué et mis en scène, lui ont permis d'asseoir et de concilier, de façon rare et mesurée, son métier et sa sensibilité.
De Phèdre à la Passion de Péguy (qu'il a crée à la crypte de Fourvière à Lyon) en passant par les Liaisons Dangereuses un même fil conducteur semble toujours avoir guidé MICHEL BEATRIX dans son interrogation sur l'amour. Une quête qu'il développe et partage dans le cadre des Stages et des Ateliers qu'il anime sur l'INTIME et l'APPARENT.
Homme de théâtre, de cinéma et de télévision, MICHEL BEATRIX est un comédien à multiples facettes qui irise ses rôles, aussi bien que les comédiens qu'il dirige, de reflets variés qui soulignent la richesse et la densité des ombres qu'il sait leur et se préserver.